Le Vent des
Forêts
Comme le chantait
ironiquement Georges Brassens "Moi mon colon (la guerre) que j'préfère
c'est la guerre de 14-18". Chaque année des centaines de milliers
de visiteurs entonnent ce refrain, consciemment ou non, en parcourant les
trop fameux champs de bataille de la Meuse.
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PAR ERREUR...
Maciej ALBRZYKOWSKI
Pologne
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Certes, comme
dirait le poète, nous ne nions pas les mérites de cette effroyable
boucherie où l'homme s'est surpassé dans l'héroïsme
et la connerie. Au début du XXe siècle, tous les peuples
du monde sont venus à Verdun, et pas en touristes, aux ordres de
pouvoirs qui avaient décidé leur perte pour le plus grand
profit d'états ou de nations aux contours imprécis.
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APRES LE VENT
Tônu MAARAND
Estonie
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Alors on peut et l'on doit, si l'on
passe par là, rendre hommage à ces hommes de toutes les couleurs
et de toutes les confessions, en ayant une
pensée particulière pour les tirailleurs sénégalais
et autres descendants de "nos ancêtres les gaulois" à qui
l'on avait donné une place de choix dans ce décor d'apocalypse
qui mettait le point d'orgue aux bienfaits de notre mission civilisatrice.
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SYLPH
Tony O'MALLEY
Irlande
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Mais il serait
vraiment dommage de limiter une visite en Meuse à ce recueillement
ou à ce voyeurisme post-mortem.
La vie finit toujours par avoir raison, et le département est riche
de paysages, de villages, de monuments et de musées qui racontent
une histoire plusieur fois millénaire. On y trouve aussi des fermiers
proposant de savoureux produits du terroir, des artisans traditionnels,
et quelques artistes bien de leur temps.
Le sculpteur François
DAVIN est de ceux là. En 1997 il a l'idée lumineuse de fédérer
plusieurs communes situées entre Verdun et Bar-le-Duc pour créer
un
parcours artistique dans les petits et les grands bois de la région:
LE VENT DES FORETS est né.
C'est ainsi que chaque année,
depuis 4 ans, des sculpteurs, des plasticiens, sont invités à
se saisir des matériaux du coin: le bois, la pierre et le fer (vieille
industrie Lorraine) pour créer des oeuvres monumentales qui sont
disposées le long des chemins forestiers comme les cailloux géants
d'un Petit Poucet qui aurait beaucoup grandi.
Entrainé par monts et
par vaux dans la belle campagne meusienne, le
promeneur, solitaire ou non, est invité à la réverie
ou à la protestation selon ses goûts esthétiques.
Ni le quidam de passage ni l'autochtone ne peuvent rester indifférents
à cette mise en scène, car les oeuvres s'installent jusque
dans les villages - et voilà le coup de maître: l'art se refait
une place dans l'espace géographique, dans l'espace social et dans
l'espace mental!
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MEMOIRE DE LA TEMPETE
Philippe CUSSE
France
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Car il est plus que temps de réaffirmer
que la création artistique ne doit
pas se résumer à la production de pièces de galeries
ou de musées réservées à une élite.
Ceux qui veulent maintenir ce système sont de dangereux escrocs
qui mettent en péril à la fois les artistes et la culture.
Ils travaillent généralement de connivence avec les revendeurs
de sous-produits et d'ersatz culturels qui abrutissent le bon peuple avec
des objets ou des spectacles dont la médiocrité est telle
qu'ils doivent recourir à l'hypnose et aux cosmétiques de
la publicité pour vendre leurs vessies à la place des lanternes
dont nous avons tous besoin.
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LA FORET M'EST TEMOIN
Catherine BELOEIL
France
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Le besoin d'art et de beauté
peut définir la nature humaine comme le langage ou la religion:
il remonte à la nuit des temps. Bénéficier
d'un ART PUBLIC est autant une nécessité intérieure
que collective. A cet égard Le Vent
des Forêts est une initiative remarquable, esthétique et pédagogique,
aux multiples conséquences intellectuelles et pratiques. Il faut
souhaiter que cet exemple soit suivi.
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PASSAGES
Jean-Marie BOIVIN
France-Allemagne
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D'un dernier point de vue, et ce
n'est pas le moindre puisque nous revenons au problème de la guerre,
Le Vent des Forêts est un hymne à la fraternité humaine:
plus
de 60 artistes venus d'une vingtaine de pays différents sont venus
sur place, entre Verdun et Bar-le-Duc, donner le meilleur d'eux-même
pour construire un univers pacifique lié à la nature et à
la Terre - si bien lié qu'il a dû
intégrer les conséquences de la tempête de fin 99,
ce qui au fond était prévu dans le titre même du projet,
et dans son principe de base qui dit que "les oeuvres resteront sur place
jusqu'à leur dégradation naturelle".
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Notre sympathique guide local
du Vent des Forêts
toute ressemblance avec un conservateur
de musée
ou un directeur de galerie
serait fortuite
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Au printemps de cette année,
les bois seront débroussaillés, les chemins réouverts:
Le Vent des Forêts soufflera de nouveau à pleines joues, et
selon sa fantaisie. Ce vent là n'en fait qu'à sa tête:
c'est celui de la liberté, la liberté de créer avec
et pour les hommes, sans arrogance ni mépris. On le dira inspiré
ou non, mémorable ou pas: ce qui compte c'est qu'il vous entraine
hors des sentiers battus et rebattus des tranchées des forts et
des cimetières de la Meuse.
Cher Apollinaire, les petits-enfants des artistes et
des poètes du Front tiennent enfin votre victoire:
La Victoire avant tout sera
De bien voir au loin
De tout voir
De près
Et que tout ait un nom nouveau.
Le Vent des Forêts
Mairie de Lahaymeix
leventdesforets@wanadoo.fr
http://perso.wanadoo.fr/enmeuse/
textes et photos © Christian Lavigne 2000-2001
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