ZOD NEERE la
Burkinabée
et ZOD PANGA la Française:
deux associations unies
comme frère et soeur
l'entretien en RealAudio qui suit le texte
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Il était une fois, au début des
années 1990, un instituteur Burkinabé qui se trouvait être
aussi un maître bronzier. Car dans ce pays d'Afrique écrasé
par la chaleur, le Burkina Faso, on connait si bien l'art du feu et du
métal, qu'on pourrait même fondre les rayons du soleil pour
en faire des bijoux, des statuettes, des petits objets pour illuminer la
vie quotidienne.
Ce maître là s'appelait, et s'appelle
toujours, Dieu est grand, Lassane KIEMTORÉ. Il constatait que les
enfants de son pays n'allaient guère à l'école, fuyaient
les campagnes, et s'égaraient dans les villes à la recherches
d'aventures dont l'issue n'enrichissait finalement personne.
Aussi voulut-il revivifier la tradition du bronze, enseigner son art
aux plus jeunes, afin de leur donner un savoir-faire, de l'espoir et quelques
revenus dans la dignité. ZOD NEERE venait de naître, avec
son projet d'école et de centre artistique pour Sabou, village situé
à 80 km de Ougadougou, sur la route de Bobo-Dioulasso, et bien connue
dans le pays pour sa mare aux crocodiles sacrés.Quelques
temps et quelques touristes plus tard, Lassane Kiemtoré était
invité en Alsace, pays des cigognes sacrées, pour exposer
ses oeuvres et chercher des appuis. La force de conviction du maître
bronzier et l'admiration des gens de l'Est de la France - pourtant réputés
si froids - firent des étincelles d'amitiés. ZOD PANGA était
née, basée en Lorraine.
Depuis lors, grâce à des missions de l'AFPA (centre de
formation français pour adultes), le centre artisanal et culturel
de Sabou était construit, et Lassane multiplie les expositions en
Europe. L'été dernier, au Château Stanislas de Commercy,
département de la Meuse, on pouvait voir côte à côte
des bronzes et des batiks de Lassane et de ses élèves, et
des oeuvres d'artistes régionaux. Une confrontation pacifique des
styles
et des techniques pour le plus grand plaisir de ceux qui n'iront peut-être
jamais ni au Burkina Faso...ni dans une galerie d'art.
C'est cette histoire que nous allons évoquer dans l'entretien
qui suit, avec un des responsables du ZOD PANGA, Jacques THIERCY, dont
la spécialité n'est ni les crocodiles ni les cigognes mais
plutôt les ânes, qui sont moins bêtes qu'ils n'en ont
l'air puisqu'ils veillent sur ANES
ART'GONNE un bel espace d'exposition où l'on pourra retrouver
à partir de mai 2001 les oeuvres du Burkina et bien d'autres.
Au delà de cette belle rencontre humaine où toutes sortes
de partages et de solidarités voient le jour, on pourra néanmoins
se poser la question de la nature et du statut de l'oeuvre d'art vis à
vis de l'objet artisanal et/ou traditionnel. Lassane Kiemtoré, sous
le soleil du Burkina, loin de la brousse meusienne lorraine ou alsacienne,
n'est pas le dernier à s'interroger à ce propos.
entretien avec Jacques THIERCY
responsable de ZOD PANGA
textes, photos et entretien ©
Christian Lavigne 2000-2001
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