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METAMORPHOSIS,
ou la musique en couleurs


Par Peter Petersen, peintre
et Hilary Shames, sculpteur

Peter Petersen est né en 1942, "un pinceau à la main", dans un milieu artistique danois qui comptait certains représentants du Groupe COBRA.

Il est attiré par l'écriture, puis par les rapports entre la musique et les couleurs. Dans la tradition explorée par Kandinsky, Malevitch, Scrijabin, etc., tradition qui explore et met en valeur le concept de synesthésie.

Après diverses tentatives issues de sa formation classique de peintre, il réalise qu'un outil va enfin lui permettre de parvenir à son but esthétique: l'ordinateur. Il le dit lui-même: "cet outil est davantage qu'une technologie de plus, c'est pour moi une révélation".

Depuis 10 ans il travaille donc dans le domaine de l'art numérique, et se qualifie donc de jeune artiste. Ses recherchent portent sur la 4D: l'animation d'images tridimentionnelles abstraites.

Avec le sculpteur américain Hilary Langhorst, il développe des créations sous le nom de METAMORPHOSIS. On trouvera de plus amples explication sur leur morceau de Toile.

Peter Petersen réside en France, à Laon. Il nous livre ici, en langue française, ses réflexions sur "La Musique en Couleurs".

« Musique en couleurs » ?

 
Une question tout à fait raisonnable est de se demander ce que je fais!

Mais, par contre, la réponse, au moins dans l'immédiat, est peut être encore un peu incompréhensible si je dis disant que je suis ici en train de faire ce qui a dû être le rêve pour tout être humain, sans doute pratiquement dès le départ ou plutôt dès qu'on a été capable de mémoriser.

Faire avec des couleurs, comme on est capable de faire des sons pour l'oreille, et donc faire de la musique mais en couleurs.

Et surtout réaliser, comme tout le monde peut l'imaginer, puisque la nature le fait déjà, une animation en couleurs, comme par exemple un coucher ou un lever de soleil ou encore, pendant l'hivers des pays nordiques, comme la lumière du Nord à voir presque comme un mirage qui danse sur le ciel...Mais puisque la nature la fait déjà, est-ce à nous de le faire?

Parfois on a vu cette tentative. La plus célèbre, en 1730, où le compositeur George Philippe Telemann avait composé une sorte de musique en couleurs...qui risquait de faire brûler tout Versailles par le nombre de bougies qu'il fallait illuminer! Il fallait donc attendre invention de l'électricité, et surtout l'arrivée de l'ordinateur et une plus grande maîtrise des différentes couleurs, pour envisager de réaliser quelque chose de sérieux.

Dans les Années Vingt, malgré la pauvreté des moyens - soit avec des lampes et des verres placés dans des différentes directions, soit en écrivant directement sur la pellicule ou autres procédés - des artistes étaient capables de faire quelque chose d'absolument valable, comme par exemple le Suisse Charles Blanc-Gatti qui devrait toujours avoir certaines de ses oeuvres, plus sa machine d'exposition, au Musée d'Art Moderne à Paris.

Avec le mot « musicaliste » de Blanc-Gatti, les mots « optophoniste » et « optophonie » de son collègue russe Baranoff Rossine, on comprenait rapidement qu'il ne s'agissait plus ni de musique, ni de peinture ni de sculpture, mais de quelque chose de complètement nouveau, un concept différent.

On ne pouvait utiliser pour la présentation d'une œuvre de ce genre un support tel que le papier ou la toile ou le métal ou autres, mais seulement un support nouveau, inconnu alors, qui sera le CD d'aujourd'hui, comme pour la musique. Ce qui entraîne déjà un problème de base pour la compréhension. Jusqu'à présent, tout ce qui est de l'ordre de la « peinture » est plus au moins "quelque chose à accrocher sur un mur avec un clou" ! Mais d'autres cultures, comme par exemple les Tibétains, ou les nomades avaient d'autres idées. Pour l'Occident le problème est de concevoir un tableau qui n'est pas une seule image, mais des centaines et parfois des milliers d'images animées, sortant d'un disque et éventuellement accompagnées de musique.

Il y a aussi un autre obstacle, par analogie avec la musique: celle-ci est une manifestation abstraite, sans aucunes formes reconnaissables comme par exemples des « visages », « maisons », « voitures » etc. Il nous faut donc insister sur le fait que notre vue pourrait se trouver dans la même situation, voir, disons, une « musique en couleurs ». Ne pas écouter mais voir un disque, pose déjà un problème, comme en pose toute expérience d'Avant-garde. Mais nous pouvons nous habituer à cette idée.

Cette idée est devenue pour nous évidente. Nous, c'est moi-même, Peter Petersen et ma collègue, Hilary Langhorst, que j'ai découverte et rencontrée grâce à Internet. Hilary est sculpteur aux Etats Unis (et membre de ISC), elle travaille davantage « les formes » et moi « les couleurs ». 

Quel que soit  le terme à utiliser: « musicalisme » ou « optophonisme », ou encore « musique en couleurs », on peut se demander quand cette expression artistique nouvelle, différente de la peinture, de la sculpture, de la musique ou du cinéma, va-t-elle être reconnu comme une expression valable, artistique et surtout vendable?

 Peter Petersen


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