LES VARANS SACRES DE NIORO


Toutes les villes du Mali ont un animal comme totem, animal fétiche auquel est rattachée toute l'histoire et qu'il est très souvent interdit de toucher. L'histoire des varans de Nioro est assez édifiante à cet effet et mérite qu'on s'y intéresse particulièrement à cause de la force de la tradition et de son poids sur le présent.

Nioro : histoire de la ville
La ville de Nioro a été fondée entre les 12è et le 13è siècles par un esclave Diawandé qui passait avec son maître. Il s'appelait à l'origine Nior qui veut dire lumière.La ville s'est vite développée à la faveur de l'arrivée d'émigrés du haut Sénégal et du sud Soudan et, d'autre part, avec le passage du grand religieux et conquérant El Hadj Oumar. Une forte communauté de musulmans viendra par la suite s'installer faisant de la ville un bastion de la religion et le fief d'une des plus grandes sectes, le hamalisme.


La coexistence réligion- tradition-modernisme :
Nioro demeure fortement marquée par la religion et les traditions en dépit d'une politique dynamique d'urbanisme qui a vu la ville se développer et se moderniser en quelques années.
Ceci explique aujourd'hui une cohabitation assez impressionnante du moderne et du traditionnel qui fait de la ville un lieu par excellence de tourisme.
L'un des exemples le plus frappant de cette cohabitation est celui des varans qui vivent sans aucune crainte d'être attaqués par la population. Si on sait que cet animal est très prisé pour sa chair partout ailleurs dans le pays, on mesure la particularité du cas de Nioro.


Le varan : description et mode de vie de l'animal
Le varan est un reptile carnivore mesurant de 2 à 3 mètres et vivant essentiellement sur les continents africains, asiatiques et australiens. Sa présence dans ces zones s'expliquerait par ses préférences pour le climat sahélien. La ville de Nioro s'y prête bien de par son climat et sa végétation ; ajouté à cela la relative tolérance accordée à l'animal, voilà qui justifie le nombre élevé de varans habitant Nioro à côté d'une population composée d'individus qui a appris à le connaître et à l'accepter ; surtout à qui il est interdit de lui faire subir un quelconque mal. Le petit niorois né et grandi entre les varans : il lui a été dit depuis le bas âge que cet animal est sacré, qu'en le tuant on part la tête et on devient fou pour le reste de sa vie. Toutes questions sur les raisons de ce " respect " singulier restent sans réponses ; personne ne vous dira pourquoi, tout le monde obéit sans chercher à savoir comme un dogme, une religion.
Aussi, n'est-il pas rare de voir à Nioro des petits varans dans les fonds des chambres, sous les lits ; il arrive que certains pénètrent dans les basses-cours pour s'emparer des oeufs de poules ou de pigeons sous le regard impuissant du propriétaire.


Le varan de la mosquée :
En particulier, un varan s'est illustré par sa durée de vie et le lieu choisi pour vivre : la grande mosquée de la ville. Il y vit depuis plusieurs années, mais il n'est pas donné à tout le monde de le voir car il en sort rarement. On raconte qu'il porte une boucle d'oreille en or.
Il est devenu une merveille et un symbole de la mosquée tant et si bien qu'il est devenu un pôle d'attraction pour les nombreux touristes qui débarquent chaque année à Nioro. Disons un symbole dans un symbole car la mosquée qu'il habite est lui même lieu hautement touristique qui attire chaque année des centaines d'étrangers venant de tous les continents.


La mosquée de Nioro :
Construite en 1854 par El Hadj Oumar, elle a été bâtie par les autochtones de la ville. Elle est aujourd'hui l'une des plus grandes et des plus prestigieuses mosquées de la première région du Mali.
Pour sa mosquée et ses varans, Nioro s'est fait une renommée sur le double plan national et international.

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