Bouleversement sociopolitique dans mon pays
résumé du livre de Moussa Sangare


AVANT-PROPOS

Recueil d'articles de presse, cet opuscule comporte, pour l'essentiel, des avis et opinions que j'eus à exprimer dans certains journaux du pays en un moment où les prémices des remous sociaux et des bouleversements socio-politiques etaient désormais nettement perceptibles surtout en Europe de l'Est.

De mon point de vue, les années 1985-1990 constituèrent une période aussi historique que celle de 1914-1918 et 1939-1945. L'historicité de ces dates réside en ceci : les années " 14-18 " - " 39 - 45 "se caractérisent par des guerres. Par contre, 1985-1990 furent essentiellement marquées par des bouleversements certes, mais aussi par l'effondrement de certains espaces géo-politiques que les guerres passées avaient constitues surtout dans les pays dits de " Démocratie Populaire " tels que la Roumanie, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la R.D.A.

Dans la grande Union Soviétique, comme partout ailleurs dans les pays de l'Est, "l'ordre ancien" était remis en question et il était absolument condamné à disparaître à jamais, parce qu'il était désormais voué aux gémonies.
A l'instar des autres courants novateurs novateurs de par le monde, les Forces dites Démocratiques au Mali, qui vécurent pendant longtemps dans la plus stricte clandestinité, avaient jugé de l'opportunité de sortir de leur trou de renard et d'ouvrir sans ambages les hostilités à l'encontre du régime militaire sanguinaire qui occupait le pays et qui s'était forgé une certaine légitimité par la création d'un parti unique de fait, un Parti-Etat.

Le monolithisme politique banni ailleurs, ne pouvait continuer à avoir droit de cité parmi peuple aussi éveillé comme celui du Mali. On ne pouvait plus s'accommoder désormais d'avec quelque forme de despotisme que ce soit. Toutes les conditions paraissaient suffisamment réunies en 1990 pour pousser les Forces Démocratiques à réclamer et à obtenir l'instauration du pluralisme politique. Car, avions-nous estimé que le développement économique, social et culturel passait nécessairement par une mutation systématique et profonde du paysage politique dans lequel vivaient les Maliens.

Un souffle sauvage, assez fort et plus que jamais violent, emporta l'ordre ancien et ramena en retour, le multipartisme intégral, la conférence nationale, la démocratie mais aussi et surtout la liberté en tous genres.
Cependant, avec la 3ème République qui naquit, l'application de tous ces précieux concepts manqua d'effectivité à l'étonnement de tous. L'Etat de Droit n'aura été qu'un slogan creux que n'arrêta jamais de carillonner.

Les Forces Démocratiques eurent un sentiment de culpabilité lorsqu'elles constatèrent qu'elles avaient placé le pays dans des mains inexpertes et qu'il se trouva à cet effet, relégué encore plus bas que jamais : 17Ième sur 174 pays classés comme étant les plus pauvres de la planète.

Les Gouvernants que le pays s'était donné en 1992 montrèrent très tôt et à suffisance leur limite du point de vue du savoir faire, mais surtout dans la conduite des affaires publiques et de la vie sociale. Ils s'afficheront comme des dirigeants de moindre envergure et qui, de surcroît, sans éprouver la moindre gêne, étalèrent au grand jour leur goût trop prononcé pour la "chose publique" et le gain facile.

J'eus le privilège et le bonheur de prendre part, autrement dit, de participer activement à l'instauration du pluralisme politique comme j'eus hélas, le malheur, si je puis m'exprimer ainsi de contribuer effectivement à l'avènement des tous premiers dirigeants de la 3ème République qui, jugée à la tâche, se sont révélés, dans la majorité des cas, aussi carents qu'incompétents. Accrocheurs, ils useront de toutes les turpitudes pour conserver le pouvoir et jouir davantage des délices et privilèges qui en résultent.

Le comportement des premiers Responsables du parti au pouvoir m'a paru autant bizarre qu'inadmissible. Aussi, j'ai dû céder à d'incessantes interpellations qui me venaient du tréfonds de ma conscience et qui m'incitaient à prendre encore une fois de plus et le risque et la plume pour rendre compte à l'opinion publique nationale et internationale, voire à l'humanité toute entière, qu'au Mali, la liberté, la démocratie, l'Etat de Droit, ne s'exercent que de façon timide et que les pouvoirs publics avaient désormais d'autres motifs de préoccupation qui divergent fondamentalement d'avec la recherche de la consolidation de la démocratie et de l'Etat de Droit.

Je ne pouvais me confiner dans un mutisme béat, ni demeurer impassible pendant que le peuple subissait le pire des dénuements. Par conséquent, il m'a semblé que devant la mauvaise gouvernance du pays, due à l'incompétence et au manque d'initiatives susceptibles de favoriser l'épanouissement avec promptitude ; que devant les difficultés croissantes des Maliens, à s'assurer le quotidien ; aussi, que face à la persistance d'une crise politique profonde entre le parti au pouvoir et les autres sensibilités politiques ; enfin, que compte tenu de l'exclusion que subissait ceux qui ne sont pas du parti du président et du premier ministre, qu'il fallait que quelqu'un étale au grand jour, ce que l'on peut considérer comme des critiques objectives mais constructives.

Ce travail aurait été incomplet si je ne lui avait pas associé des propositions concrètes et des suggestions qui sont susceptibles de guider, d'instaurer l'accalmie, voire la tranquillité nécessaire, la paix sociale, toutes choses qui conditionnent le développement et le progrès.

Ouvrage à paraître...

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