=) CRÉER: un design africain (=

par François Kiéné, architecte et designer, France



François Kiéné, créateur et pédagogue fasciné par l'Afrique, a obtenu plusieurs bourses du Ministère de Affaires Étrangères (France) pour développer au Maroc et au Burkina Faso des ateliers de création d'objets de design et de décoration. Recherchant les traditions et les matériaux les plus authentiques, il fait de son travail une aventure humaine dont le maître mot est celui du partage. Entre autres, il a organisé une manifestation d'artisanat avec l'ethnie Lobi lors du Festival International des Arts Plastiques de Ouagadougou en 1998.


«Dire que l’Afrique regorge de créativité, de « débrouille », est aujourd’hui un lieu commun .

Pourtant, de nombreux talents y sont toujours peu ou mal connus y compris (et surtout) sur le territoire africain.

A contrario de la mode dite « ethnique » qui s’inspire de manière formelle de la création africaine pour répondre aux critères d’une clientèle occidentale, je choisis d’aller sur le terrain avec des créateurs locaux (artistes et artisans) dans l’optique d’une recherche contemporaine et lucide face à la réalité économique des pays d’accueil.

Mon objectif est de travailler avec des artistes et des artisans sur la conception de meubles et d’objets inspirés de la culture, de l’histoire et de la tradition africaine mais résolument tournés vers une démarche moderne et créative.

Il s’agit d’éviter la copie de modèles importés (souvent sur catalogues) qui conduit à une répétition, au profit d’une réflexion neuve et d’une légitimation des savoir-faire locaux (fer forgé, fonte d’aluminium, de bronze, teinture… « inventivité de nécessité » tel que récupération, détournements…).

Les techniques et matières traditionnelles peuvent s’allier aux techniques contemporaines ainsi qu’aux multiples solutions créatives africaines. Le but de ces interventions est une création et une réalisation finie de pièces fonctionnelles.»

François Kiéné.


«Dans son travail de création, FRANÇOIS KIENE s’intéresse aux constructions (assemblages) spontanées, précaires, illégales, aux matières détournées à «l'inventivité de nécessité »

Cette démarche est liée à une esthétique de l’ouïe, du regard et de l’immédiat.

Ses recherches l’amènent à utiliser toutes sortes de matériaux à toutes sortes d’applications dans l’optique d’une transfiguration du banal.

Se ré-appropier (relecture) l’objet pour mieux le détourner, métamorphoser le connu en inconnu, en inattendu, dévoilant par la même le sens caché des choses (âme).
Les meubles, par leur essence même, dans leurs rôles fonctionnels, s’usent se patinent, finissent un jour par être réparés et bricolés et rejoignent ainsi le paysage dont ils sont inspirés directement ou indirectement.

La où le bricolage est art de vivre, souvent innovant et anticipateur, quand le précaire, le bricolé, devient plus qu’un accent: une langue.»

S. BULLE Esthéticienne urbaine


©François Kiéné, textes cités et photos, tous droits réservés.