par Christian Lavigne, écrivain et artiste multimédia, France Il faut dire que Roula Safar est pourvue d'un instrument musical naturel tout à fait hors du commun: sa voix. Qui l'a entendue, au sortir de son enfance - et douloureusement projetée dans le monde des soit-disant adultes -, qui l'a entendue chanter la poèsie française ou arabe sur des mélodies de sa composition, en s'accompagnant simplement à la guitare, en restait ébloui, persuadé que son ange gardien devait être mélomane. A 19 ans, après un bac scientifique et quelques hésitations sur sa carrière, elle rencontre Jacques Canetti, fameux découvreur de talents, qui est immédiatement séduit par la jeune artiste et lui déconseille même de prendre des cours de chant, tellement il trouve sa voix naturellement "opératique". Elle s'inscrit néanmoins en faculté de musicologie et au Conservatoire National de Boulogne, avec pour résultat une licence universitaire et un premier prix de chant. Elle s'engage alors définitivement dans une carrière lyrique. Du coin de table du Club des Poètes ou nous l'avons connue à ses débuts parisiens, aux vastes scènes des Opéras internationaux, Roula Safar a sans doute élargi son registre, embelli ses capacités naturelles, mais la vraie merveille est qu'elle est restée humainement la même, d'une gentillesse remarquable et d'une grande sensibilité à la poésie des êtres et des choses. Grâce à une ouverture d'esprit peu commune, une curiosité et un travail de tous les jours, elle excelle dans des genres aussi différents que la musique baroque ou la création contemporaine. On l'a vu et entendu dans des oeuvres de Monterverdi, Bach, Mozart, purcell, Gounod..., sous la direction de J.C. Malgoire, P. Calmelet, J.-M. Cochereau et G. Ferro. Elle participe aussi à l'Atelier Voix et Ordinateur du collectif Mixture; elle joue dans les opéras et les pièces de François-Bernard Mâche, de Michaël Lévinas ou de Paula Mesuret. Roula Safar a aussi plus d'une corde vocale à sa guitare. Depuis son arrivée en France elle redécouvre la poésie arabe arabophone, qu'elle met en musique avec autant de bonheur que la poésie arabe francophone de Georges Schéhadé ou de Nadia Tuéni. Ses récitals de créations personnelles sont des moments de rève et de partage où l'homme retrouve sa dignité.
Elle se produit le 25 mai à 20H30 au conservatoire de Paris XIIIe, avec Christophe Julien; le 3 mai à l'Abbaye de l'Épau, Le Mans, avec choeur et orchestre; les 16 et 17 juillet à Notre Dame de Bénat, à Bormes-les-Mimosas. Christian LAVIGNE. 2000.
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