=) EXPRIMER:
abolition de l'esclavage (=

Á l'occasion de la Fête de la Musique, le 21 Juin dernier à Paris fut organisé un défilé entre le Musée des Arts Africains et Océaniens, Porte Dorée, et la Place de la Nation, pour commémorer le 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage dans "L'Empire français". Les acteurs et amis du Théatre de l'Air Nouveau ont imaginé et endossé des costumes de circonstance, pour un hommage carnavalesque et sérieux à la fois.

Il faut se souvenir que le carnaval est à l'origine un acte social révolutionnaire, où s'exprime le MUNDUS INVERSUS, le Monde à l'Envers, dans un temps et un espace nécessaire à la vérité publique. Dans l'Antiquité, à cette occasion, des esclaves devenaient des Maîtres.

Il serait heureux que l'Abolition de l'Esclavage, en attendant celle des esclavages qui demeurent sur cette Terre, ait donné l'envie aux hommes, à tous les hommes, d'une liberté inaliénable pour chacun, d'un profond mépris pour les hiérarchies criminelles et racistes, d'une refus de toutes les coercitions arbitraires servant les intérêts de quelques uns. Il serait heureux que celui qui fut esclave ne rève pas de devenir le maître, comme celui qui voulait devenir calife à la place du calife.

La situation actuelle dans "les pays en voie de développement" nous fait hélas! douter du contraire, et l'homme tarde à devenir meilleur. Au bout du compte, ce sont toujours les mêmes qui paient leur tribu de misère aux pouvoirs, qui n'ont pas plus de couleur que l'argent n'a d'odeur.

La force des démocraties libérales est de faire croire aux victimes qu'elles sont maîtres de leur destin, et qu'avec un peu de bonne volonté tous les espoirs sont permis. Sans doute notre sort est-il enviable, et toutes nos cervelles sont-elles légitimement descendues dans nos ventres. Le défilé de commémoration afro-antillais s'achevait Place de la Nation sans qu'on ait vu les foules se mobiliser. Curieusement, à l'endroit même où il s'achevait par l'inauguration d'un monument du souvenir, le podium d'un Zouk avait été dressé, qui rassemblait la belle jeunesse Noire des banlieues dans une ambiance chaude et chaleureuse, devant des artistes de variété dégagés, plus ou moins débutants, du milieu Black parisien.

On ne peut pas dire que les keums en tee-shirt et casquette et les meufs sur leurs talons de 15cm aient cessés une minute de rapper, de soukousser ou de lover pour rejoindre la commémoration voisine. Leurs aînés non plus d'ailleurs. Faudrait-il interdire Madona ou Michaël Jackson pour voir enfin la jeunesse, qu'elle soit Noire ou multicolore, s'insurger contre la censure et pour la liberté d'expression (ce qui, vu les personnages, ne serait pas le moindre paradoxe)?

Deuxième coïncidence, au moment où le cortège du souvenir se dispersaient, un autre carnaval démarrait de la Place de la Nation, sponsorisé par truc et machin, avec des chars et des costumes de pacotille, et des bénévoles de toutes origines qui défilèrent dans Paris en toute innocence politique...

...c'est à dire sans comprendre où ils allaient. Le pire des esclavage est celui où l'on n'identifie pas son maître.

texte et photos Christian Lavigne